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Le chien : carnivore ou omnivore ?
Vous vous êtes surement déjà demandé si le chien est un carnivore ou un omnivore. En effet, nos chiens aiment la viande, oui, mais apprécient également beaucoup d’aliments très divers : il n’est pas rare de voir des toutou raffoler de certains légumes ou fruits.
Faut-il en conclure qu’ils sont omnivores, comme nous, ou bien demeurent-ils des carnivores par nature ? En réalité, le chien est un carnivore opportuniste (ou carnivore facultatif), c’est-à-dire un carnivore capable de s’adapter à un régime mixte, mais qui doit répondre au final à tous ses besoins nutritionnels.
Le chien est un carnivore opportuniste :
D’un point de vue purement biologique, le chien présente des caractéristiques anatomiques et physiologiques typiques d’un carnivore.
Déjà, rappelons simplement la taxonomie du chien : ils font partie de la famille des mammifères, et de l’ordre des Carnivores. On pourrait donc simplement en conclure que les chiens sont factuellement des carnivores.
En effet, l’ordre des Carnivores regroupe les mammifères qui ont une dentition adaptée à la consommation de viande (canines acérées, dents carnassières pour déchiqueter la chair…). À l’instar du loup ou du lion, le chien possède des crocs pointus et des molaires tranchantes faites pour prédater et consommer des proies animales. Aussi :
Pour autant, la classification dans l’ordre des Carnivores ne traduit pas toujours un régime alimentaire réellement carnivore… Par exemple, le panda géant a un régime alimentaire constitué à 99% de végétaux, pourtant il appartient à l’ordre des Carnivores, sa dentitation et son système digestif étant capable de digérer la viande.
Si la biologie du chien le désigne comme carnivore, son alimentation réelle pourrait laisser penser que son régime est plutôt omnivore.
En effet, le chien peut manger et digérer une grande variété d’aliments, notamment d’origine végétale. Ils sont aussi tout à fait capable de bien digérer les glucides et l’amidon : plusieurs études, dont celle de Biagi, G et al.1 (2016) ont démontré digestibilité moyenne de l’amidon de 99% environ. À la différence du loup, qui ne peut pas digérer efficacement les céréales, le chien domestique s’est donc adapté à un régime comportant une part d’aliments avec de l’amidon. Cette adaptation est le fruit de la domestication, sur plusieurs milliers d’années.
Magré tout ça… non, le chien n’est pas un omnivore. Selon cette étude2, il ne peut pas être considéré comme un omnivore du fait de ses besoins en nutriments d’origine animale, qui restent très importants : arginine, taurine, vitamine D3.
Mais alors, si le chien n’est ni un carnivore strict (car il n’a pas un besoin vital de manger exclusivement de la viande), mais qu’il n’est pas un omnivore non plus du fait de ses besoins en protéines animales qui demeurent assez élevés, comment qualifier le régime du chien ?
La meilleure réponse : le chien est un carnivore opportuniste (ou « facultatif »).
Le chien vit donc sa meilleure santé avec un régime alimentaire mixte et composée majoritairement de viande. Contrairement au chat qui ne peut pas synthétiser certains nutriments comme la vitamine A ou la taurine, le chien, lui, le peut. Il a par exemple la capacité de synthétiser la vitamine A à partir du bêta-carotène, mais aussi la taurine à partir d’acides aminés souffrés (que l’on peut trouver dans des légumineuses ou céréales complètes par exemple).
C’est cette plus grande flexibilité nutritionnelle qui explique que l’on qualifie le chien de carnivore opportuniste : certes il reste avant tout un carnivore, mais il peut totalement s’adapter à un régime moins riche en produits animaux. Comme toujours, attention aux extrêmes : un régime composé exclusivement de viande musculaire n’est pas équilibré et conduit à des carences graves (en calcium, vitamines, etc.), tandis qu’une ration 100 % végétale est tout aussi risquée. Les croquettes de qualité sont toute pensées pour répondre aux besoins nutritionnels du chien, et contiennent des aliments variés, bien que les protéines animales doivent être l'ingrédient numéro 1. Les rations maison, notamment BARF, peut convenir si elles sont bien étudiées, mais peuvent conduire à des carences et des déséqulibres si elles ne le sont pas.
Le chien a évolué pour manger de tout, mais surtout de la viande, c’est pourquoi il n’est ni strictement carnivore, ni omnivore au même titre qu’un humain.
Le chien descend directement du loup gris, prédateur carnivore dont le régime est composé quasi exclusivement de proies animales, et qui digère très mal les matières végétales comme l’amidon. Il y a environ 15 000 ans, certaines populations de loups ont pourtant entamé leur domestication aux côtés de l’Homme. Au début, ils se nourrissaient principalement des restes de gibiers. Puis, avec l’avènement de l’agriculture, ils ont progressivement commencé à manger des céréales et autres plantes cultivées : la sélection naturelle a alors favorisé les chiens les plus aptes à digérer ces nouveaux aliments parfois riches en amidon. Néanmoins, et malgré toutes ces adaptations, le chien n’est pas devenu un omnivore pur pour autant, et il conserve de nombreux traits de comportement d’un carnivore.
Aussi, et même s’il préfère la viande, le chien montre une vraie curiosité alimentaire et peut goûter à peu près n’importe quoi (à la différence d’un chat, souvent plus prudent), et même apprécier des végétaux. Enfin, le chien est sensible au goût sucré ce qui peut expliquer qu’il aime certains fruits ou tubercules sucrés, contrairement encore une fois au chat, qui lui n’y montre que rarement de l’intérêt.
1 Biagi, G., Cipollini, I., Grandi, M., & Vecchiato, C. G. (2016). Evaluation of the in vivo and in vitro digestibility of starch in commercial extruded dry foods for adult dogs.
2 Lefebvre, S. (2020). Bases de la nutrition du chien et du chat [Thèse de doctorat, France]. HAL Archives ouvertes.